Adrénaline

Elle n’aurait pas dû être là, mais de toute façon elle séchait les cours depuis plus d’une semaine maintenant. Elle ne voulait pas voir les profs, ni les autres, ni lui. Son collier autour du cou, elle déambulait dans les rues de la ville. Le vent cinglait sa peau, faisant voler ses cheveux, lui envoyant des feuilles dans le visage. Tout était calme, en même temps elle ne risquait pas de croiser quelqu’un à 14h36.
Elle tourna à l’angle de la rue et se retrouva à la sortie, ou à l’entrée, de la ville, prêt de la forêt. Le vent soufflait dans les pins, hurlant presque, comme si il lui ordonnait de faire demi-tour. *Manquerait plus que j’obéisse à un courant d’air tient!*
Ses pas la portaient, trop perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas qu’elle était à présent à laurée de la forêt. Aelis jeta un regard aux arbres, certains dénudés de feuilles, qui semblaient presque effrayants. Elle resserra son manteau sur son corps, bon Dieu qu’il faisait froid! Soudain, le collier se mit à la brûler, lui arrachant une grimace de douleur. Elle avait l’impression que quelque chose vivait dans cet objet, une force étrange qui la poussait à accomplir certains actes qu’elle ne ferait pas en temps normal. Au début, cela n’était pas dérangeant, c’était même agréable. La gardian avait l’impression que le collier la libérait de ses peurs. Mais depuis quelques temps, elle sentait s’éveiller en elle des instincts qu’elle pensait avoir réprimé. Comme cette envie de tuer qui venait la surprendre, parfois jusque dans son sommeil. Et le pire, c’était qu’une partie d’elle aimait ça.

Aelis ne la vit pas immédiatement, mais distingua sa silhouette à travers la végétation. Une maison. Une maison ici? Le pendentif se remit à brûler, plus fort, lui arrachant un cri alors qu’elle portait a main à sa poitrine. *Tu veux quand même pas que j’y aille?* En guise de réponse, il chauffa de plus belle. *C’est bon j’y vais voir te baraque! Et merde!* Elle jura de plus belle contre ce maudit collier.
La maison était en ruine. Son toit clairsemé de trous, il manquait une des trois marches de l’escalier de l’entrée, les fenêtres étaient brisées sauf celles du premier étage. La cheminée gisait à terre et il manquait des lattes du plancher. Aelis frissonna. Le vent se mit à souffler plus fort, l’air devint plus lourd. Elle vit non loin d’elle la ville et sa présence rassurante. La jeune fille voulu rebrousser chemin, mais le collier la brula si fort qu’elle mit un genou à terre en gémissant de douleur. Sa main serrait tellement l’objet, que ses articulations étaient blanches.
Elle se releva et avança vers la maison. Son cœur battait la chamade, mélange de peur, d’appréhension et de haine. Peur de cette maison, appréhension pour ce qu’elle pourrait y découvrir, et haine envers cette saloperie de collier!. Elle gravit les marches et se retrouva sur le perron. Aucun autre bruit à part les hurlement accablants et torturés du vent. D’une main tremblante elle saisit la poignée de la porte, jetant des regards autours d’elle, s’attendant à voir surgir quelqu’un, et la tourna. Un déclic retendit. *Même pas fermée à clé…dommage.* La porte s’ouvrit dans un grincement lugubre, dévoilant un long couloir. Sur la droite et la gauche, deux portiques menant à d’autres pièces, au fond un escalier en colimaçon menant à l’étage. Et près de l’escalier, une petite porte de bois sombre.

Aelis déglutit péniblement, elle sentait le sang pulser à chaque bout de son être. Un long frisson glacé remonta du bas de son dos et parcouru sa colonne vertébrale. Une partie de son être aimait cette sensation, cette excitation face au danger, et elle sentait l'adrénaline afluer dans tout son corps. Elle avança jusqu’au niveau des portiques, n’osant pas regarder les pièces qu’étaient la cuisine et le salon. La gardian posa la main sur la garde de Jato, son sabre, pour se rassurer et ferma les yeux Elle avait l’impression d’être espionnée, qu’une présence rodait près d’elle. *Ce n’est rien, lorsqu’on a peur le cerveau invente des choses. Je suis seule, totalement seule!*
La porte d’entrée se referma violemment, faisant bondir la gardian qui blêmit et se précipita pour l’ouvrir. Verrouillée.

-Bordel tu était ouverte ya pas cinq minutes alors ouvres-toi!

Mais la porte resta fermée. Aelis resta là, n’osant pas bouger ni pour trouver une autre sortie, ni pour continuer son exploration des lieux. Elle voulait sortir!